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Tout est-il politique ?

Les urgences climatique, démocratique, géopolitique, sanitaire, l’urgence de repenser les relations humaines et sociales, l’urgence de composer une société apaisée, juste, entreprenante, l’urgence de définir le progrès technologique dans l’intérêt de l’humanité, enfin l’urgence de construire autrement le travail et l’entreprise, ne laissent guère de doute : tout est politique. Etre acteur de ces débats place chacun d’entre nous face un choix : s’adapter ou résister ? Les plus optimistes ne croient qu’en l’adaptation, les plus déterminés ne jurent que par la résistance. Au-dessus d’eux flotte le poison de la résignation et de l’abdication.

Et si les deux camps n’étaient pas les expressions antinomiques de la colère, mais au contraire, ensemble, mâtinaient la solution ? L’essentiel est conviction, vision, courage, et pour relever les immenses défis politiques et même « civilisationnels » il faut saisir tour à tour les leviers de l’adaptation et les armes de la résistance. Sans oublier d’en critiquer les dérives, les impasses. Le travail éthique est censé faire l’arbitre, et, cela, qu’on « parle » jeunesse ou passé, création ou droits, santé ou citoyenneté, intelligence artificielle ou libéralisme, performance ou féminisme. Ce 2 octobre au Théâtre des Célestins de Lyon, quinze penseurs viennent consacrer du temps long à ces urgences, partager leur propre voie éthique et stimuler – dans la liberté critique – celle des spectateurs. 

Programme & Intervenants

Que n’entend-on sur la jeunesse supposée démissionnaire, démotivée, désolidarisée, dépolitisée ? Outre que confiner à une jeunesse l’infini éventail des jeunes est ubuesque, cette caricature est une ineptie, s’accorderont la journaliste Salomé Saqué (autrice de Sois jeune et Tais-toi. Réponse à ceux qui critiquent la jeunesse, Payot) et le sociologue Serge Guérin, spécialiste des aînés et de l’intergénération. Mais alors, sur quels sujets, avec quelles méthodes, cette minorité active peut-elle exprimer une vision, une exigence, un militantisme qui dépassent son seul intérêt ? Qui participent à redéfinir la démocratie ? Qui réveillent les pratiques en entreprise ? Qui colmatent (plutôt qu’elles n’aggravent) les fractures sociales et les lézardes intergénérationnelles ? Face aux deux débatteurs, des étudiants d’HEIP.    

 

Intervenants : Serge GUÉRIN et Salomé SAQUÉ

L’un est immunologiste, préside le Comité consultatif national d’éthique, et est entré précipitamment en mars 2020 dans tous les foyers français à l’occasion d’un certain virus SARS-CoV-2 ; Emmanuel Macron le nomme en effet président du Conseil scientifique, chargé de nourrir les arbitrages politiques et d’éclairer les innombrables chantiers éthiques, de recommandations scientifiques. L’autre a quitté la direction de la CFDT dix ans après avoir été désigné, et quelques semaines après une lutte contre la réforme des retraites qui a consolidé sa popularité. A priori, rien ou presque ne semble faire lien entre ces deux trajectoires.  Erreur. La crise pandémique et le militantisme syndical mettent en lumière les défaillances, l’extrême fragilité, mais aussi les sources de revitalisation de la colonne vertébrale de la société : sa démocratie. Leur liberté de parole et leurs convictions sont la promesse d’un puissant débat. 

 

Intervenants : Laurent BERGER et Jean-François DELFRAISSY

Par où commencer ? Et où finir ? L’impression est qu’entre le moment d’écrire ces lignes et le 2 octobre déjà tant d’autres innovations et découvertes technologiques seront intervenues qui disqualifieront une présentation trop précise. Quelle nouvelle version de ChatGPT ? Quelles nouvelles déclinaisons de l’IA ? Quelle nouvelle avancée dans le métavers ? Quel nouveau pouvoir algorithmique ? Plutôt que de détailler la litanie (déjà obsolète) desdits bouleversements, Asma Mhalla (membre du Laboratoire d’anthropologie politique EHESS – CNRS, enseignante à Columbia GC, Sciences Po et l’Ecole Polytechnique) et le mathématicien et ex-député Cédric Villani décortiqueront les répercussions politiques et géopolitiques d’une révolution permanente qui, au contraire des ruptures d’avant, n’accorde plus de temps à l’adaptation – capitale pour les démocraties, la régulation, les métiers et les emplois, la lutte contre la criminalité ou l’instrumentalisation conspirationniste, la sanctuarisation des Etats, etc.   

 

Intervenants : Asma MHALLA et Cédric VILLANI

Défenseure des droits : voilà la responsabilité, extraordinairement sensible, qu’exerce l’ex-journaliste (RFI) et ancienne présidente d’ATD Quart Monde Claire Hédon. Un recours, une sorte de vigie que peut solliciter toute personne physique ou morale estimant que ses droits ne sont pas respectés, qu’elle est victime de discrimination, qu’un représentant de l’ordre a transgressé les règles, que les droits d’un enfant ne sont pas respectés, ou que l’accès aux droits n’est pas égal pour tous. L’actualité comme les fractures plus systémiques convoquent à foison son institution. Mais une société ne peut fonctionner que si les devoirs sont eux aussi honorés. Ceux donc des services publics à l’égard des usagers… et réciproquement. Que doit-on qui nous donne droit ? A quels devoirs je me dois (ou la société m’oblige) qui n’hypothèquent pas ma (notre) liberté ? Question fondamentale, qu’éclairera également le philosophe et ardent défenseur de la liberté Gaspard Koenig.   

 

Intervenants : Claire HÉDON et Gaspard KOENIG

Vive le passé, en effet. Mais pas n’importe lequel. Celui qui séquestre et assèche, qui fige et isole, non. Celui qui nourrit et libère, qui dynamise et projette – même lorsqu’il est indicible –, oui. « Notre bonheur dépend de notre capacité à bien vivre avec notre passé », rappelle le philosophe Charles Pépin dans son essai Vivre avec son passé, Une philosophie pour aller de l’avant (Allary). Le terme le plus essentiel du titre est la préposition avec – en opposition à contre, outre, ou sans –, conditionnée à la « qualité » du rapport que nous entretenons au legs culturel, familial, affectif, mais aussi au souvenir et à la mémoire. Quelles sont les clés d’un rapport à notre héritage qui soit affranchi mais conscient, émancipateur mais respectueux ? un rapport qui, sans amnésie ni idolâtrie ni imposture, « tire » le meilleur du passé sans nier ses lourds orages ? un rapport donc qui soit juste, entreprenant et créatif ? Le dialogue entre le philosophe et le neuropsychiatre Boris Cyrulnik s’annonce radieux. 

 

Intervenants : Boris CYRULNIK et Charles PÉPIN

L’art est un acte politique quand l’œuvre dénonce, alerte, revendique, fait réagir. Quand elle rassemble ou désunit, quand elle interroge ou console au sein d’un collectif. Quand elle stimule l’esprit critique, l’émancipation, l’individuation. Il est un acte politique lorsque l’auteur est un résistant, un combattant, un éclaireur, mais aussi, plus humblement, un simple passeur. Il devient, enfin, un sujet, un enjeu politique quand il est défié par l’idéologie, le sectarisme et la censure, par les nouvelles technologies, la mondialisation marchande et les nouveaux comportements sociaux. L’historienne de l’art, professeur à Sciences Po Paris et présidente de la Fondation nationale des sciences politiques Laurence Bertrand Dorléac développe enseignements, commissariats d’exposition, et ouvrages qui constituent autant de précieuses boussoles sur les attributs politiques de l’art. Face à elle : le mathématicien et ex-député Cédric Villani, féru d’art – et des « outils » technologiques qui déterminent les mutations créatives – et de politique. A eux deux, une approche détonante de l’« art politique ».       

 

Intervenants : Laurence BERTRAND-DORLÉAC et Cédric VILLANI

« Quarante ans après la mort de son oncle Désiré, Anthony Passeron interroge le passé familial. Et pour cela croise deux récits : celui de l’apparition du sida dans sa famille, celui de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains. Il évoque la solitude des familles à une époque où la méconnaissance du virus était totale, le déni écrasant, et la condition du malade celle d’un paria ». Ainsi peut-on contextualiser la trame de Les enfants endormis (Globe), qui depuis sa sortie à l’été 2022 s’est écoulé à 35 000 exemplaires. Quarante, c’est aussi le nombre d’années qui nous séparent de la découverte du VIH, le virus du sida, dont le professeur Jean-François Delfraissy, a fait « le » combat scientifique, médical, éthique, humain de sa vie. Un roman et un savoir réunis pour déchiffrer l’effroyable pandémie, surtout pour traverser les grands enseignements (politiques, géopolitiques, scientifiques, démocratiques) qu’elle continue de livrer.

 

Intervenants : Jean-François DELFRAISSY et Anthony PASSERON

En pleine Coupe du monde de rugby et à moins d’un an des Jeux Olympiques et paralympiques tous deux orchestrés en France, la scientifique spécialiste du numérique Aurélie Jean – classée par Forbes en 2019 parmi les 40 Françaises les plus influentes – publie en collaboration avec le rugbyman Yannick Nyanga, Data et sport : la révolution (L’Observatoire). Ou comment l’analyse des données et les technologies de pointe métamorphosent la pratique (professionnelle comme amateure) du sport, ouvrant d’immenses perspectives… et des questions ou des craintes dans les mêmes proportions. Notamment l’éthique de la performance, qui s’applique aussi à bien d’autres domaines que le football ou la danse ; à commencer par le travail. Mais aussi le rapport de chacun à soi et aux autres, le sens du dépassement, le risque d’aliénation, la compétition libérale, l’irruption de nouvelles inégalités, etc. Des enjeux chers également au philosophe Xavier Pavie (professeur à l’ESSEC Business School, directeur de programme au Collège International de Philosophie), et à l’alpiniste Sophie Lavaud (devenue en 2023 la 4e femme dans l’histoire à gravir les quatorze sommets de plus de 8 000 mètres) qui les mettront en perspective de l’utilité, du sens, des limites de l’innovation.

 

Intervenants : Aurélie JEAN, Sophie LAVAUD et Xavier PAVIE

Titiou Lecoq est lauréate du Prix du livre La Tribune 2023 dans la catégorie Engagé, pour son ouvrage (publié chez L’Iconoclaste) : Le couple et l’argent, pourquoi les hommes sont plus riches que les femmes. Un ovni, composé autour d’une héroïne fictive, Gwendoline, que le lecteur suit à travers quelques grandes étapes de sa vie : de l’argent de poche quand elle est adolescente jusqu’à la retraite, en passant par les discriminations salariales, la gestion des finances du couple, la valeur financière des corvées domestiques, les impôts, le coût de la séparation, ou encore l’héritage. Au final, un enchainement glaçant d’inégalités qui confère à ce manuel particulièrement pédagogique d’être d’une grande utilité pour les femmes… et un électrochoc bienvenu pour les hommes. La journaliste, essayiste, bloggueuse engage le dialogue avec le public.  

Inscription gratuite par le lien ci-dessous : https://forms.gle/ChqdCQc3uqDJGwv76

Inscription gratuite dans la limite des places disponibles.
Si vous êtes sélectionné(e), vous recevrez un mail au plus tard 3 jours avant l’événement confirmant votre inscription et vous donnant les informations pratiques pour votre venue au dialogue avec Titiou LECOQ.

ATTENTION : Il ne sera pas possible de participer au début des conférences de l’après-midi d’Une Époque Formidable si vous êtes présent au dialogue avec Titiou LECOQ. Votre entrée dans la grande salle du Théâtre des Célestins ne sera autorisée qu’à partir de la pause à 16h.

Horaires : de 13h et 14h. 

Infos pratiques

Théâtre des Célestins, 4 Rue Charles Dullin, 69002 Lyon

 

Accès : 

En métro avec les lignes A et D : station Bellecour
En bus C3, C5, C9, C10…

Parkings Célestins, Saint-Antoine, République, Bellecour, Saint-Jean et Saint-Georges

 

Pour toutes questions complémentaires, n’hésitez pas à nous contacter à evenements@latribune.fr

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